Du surréalisme à l'histoire : Musée Cantini de Marseille du 15 février au 19 mai 2013

« Le musée Cantini, entièrement rénové, célèbre admirablement l'année 2013 Marseille-Provence Capitale Européenne de la Culture avec l'exposition événement : Matta, du surréalisme à l'histoire »…

« Première grande exposition en France, depuis 1985, consacrée à Matta, artiste majeur du mouvement surréaliste, elle investira la totalité des espaces du musée Cantini ». « Le surréalisme est un mouvement étroitement lié à l'histoire de Marseille. Cette exposition trouve tout naturellement un large écho dans la collection du musée Cantini ».

Matta, du surréalisme à l'histoire…

Matta est l'un des très grands artistes du XXe siècle, qui a pris une place majeure au sein du surréalisme, mouvement étroitement lié à l'histoire de Marseille et de ses collections. Il a développé une oeuvre exceptionnelle, prolifique jusqu'à la démesure, à l'iconographie particulièrement abondante et dont le format des tableaux est souvent monumental. Il est représenté au musée Cantini par un tableau fondamental « Contra vosotros asesinos de

palomas », 1950.

Contra vosotros asesinos de palomas, 1950.

Huile sur toile, 200 x 271 cm.  Centre national des arts plastiques, Paris -

En  dépôt au musée Cantini, Marseille  © Adagp, Paris  Créditphotographique :  Jean Bernard. 

Matta, peintre à la personnalité insaisissable et singulière, qui tient autant à son caractère qu'aux événements personnels et historiques auxquels il a été mêlé, il se veut totalement ouvert au monde et place d'emblée son oeuvre comme témoignage du réel, de la vie et de l'histoire.

L'exposition réalisée dans le cadre de Marseille Provence 2013, Capitale Européenne de la Culture, et inscrite dans la lignée des manifestations liées au surréalisme, initiées à Marseille en 1986, propose d'étudier le fil conducteur qui a conduit Matta des voies de l'automatisme surréaliste à une interprétation métaphorique de l'Histoire, de la représentation des affrontements de l'inconscient à celle des conflits géopolitiques qui ont traversé la deuxième moitié du XXème siècle.

Matta commence des études d'architecture à Santiago du Chili. En 1933, il s'installe en France, travaille dans l'atelier de Le Corbusier, à Marseille, puis voyage en Espagne, où il se lie avec les poètes Rafael Alberti et Federico Garcia Lorca, puis en Scandinavie, où il rencontre Alvar Aalto, et enfin à Londres, où il fait la connaissance de Henry Moore, Roland Penrose et René Magritte.

En 1937, à la demande de Salvador Dali, il rencontre André Breton qui l'adopte aussitôt. Matta rapporte : « Ils me dirent : "Tu es surréaliste !" Je ne savais même pas ce que cela voulait dire... ». En 1939, dans la revue surréaliste « Le Minotaure », Matta publie des textes sur l'architecture qui s'opposent au rationalisme de Le Corbusier. À la même époque, il peint une série de tableaux pour laquelle il expérimente une nouvelle technique : avec un chiffon, il pose la couleur sur la toile…

qui, ainsi étalée, décide du tracé ultérieur du pinceau. Il se rapproche du procédé d'écriture automatique dans cette série intitulée : « Morphologies psychologiques ».

Il part pour New York, en 1940, à la demande de Marcel Duchamp afin d'échapper à la guerre et expose pour la première fois aux États-Unis à la galerie Julien Levy, spécialisée dans le surréalisme. Il donne des conférences à la New School of Social Research et reçoit nombre de jeunes Américains dans son atelier, dont Arshile Gorky et Jackson Pollock.

Il réinterprète les fondements du surréalisme, son vocabulaire, ses thèmes, et ses mythes, dans un espace creusé, virtuellement sans limites et en apparente rupture d'équilibre.

En septembre 1947, sa première exposition monographique parisienne est organisée chez René Drouin. Le catalogue de l'exposition reprend un texte de Breton écrit en 1944. En octobre 1948, il quitte le groupe surréaliste, retourne au Chili et publie un texte portant sur le rôle de l'artiste révolutionnaire, qui doit redécouvrir des nouvelles relations affectives entre les Hommes. Il reviendra ensuite en Europe et s'installera en Italie et en France.

L'engagement politique de Matta prend à cette époque une place de plus en plusimportante dans son oeuvre. Il aborde alors, presque constamment, marqué par sonhistoire et par l'Histoire, les affrontements politiques, culturels et sociaux, qu'il traduit par l'expression d'états de tension ou d'angoisse.

Dans des paysages cosmiques et visionnaires qui évoquent des territoires bruts en perpétuelle transformation, Matta élabore un discours, où apparaît, dès 1945, la figuration de l'Homme, de son univers et où par séquences, ce qui n'est pas sans évoquer le cinéma, le monde se crée, prend forme, s'articule et se métamorphose selon une écriture acérée et impulsive.

Exposition au Musée Cantini de Marseille du 15 février au 19 mai 2013.