lundi 4 mars 2013

J'ai foulé les pavés de la reine des classiques


Arc-bouté, la tête sur le guidon, un peloton s'élance vers le carrefour de la Croix Blanche, un secteur pavé décisif de trois kilomètres à Mons en Pévèle... Ou plutôt je l'imagine.  En cette journée de mars, je suis venue rencontrer deux passionnés, à quelque vingt kilomètres au sud de Lille, dans la Pévèle.  François Doulcier, un crack de la reine des classiques, amateur de cyclisme et Président de l'association des amis de Paris-Roubaix, se tient à ma droite. Françoise Gomez, greeters et passionnée par son village nous raconte l'histoire de Mons en Pévèle…


Depuis la place de l'abbaye culminant à 92 mètres, nous nous engageons dans une voyette longeant le presbytère et quelques fermes au carré typiques du Nord toujours en activité.  Nos pieds s'enfoncent dans le limon fertile où les agriculteurs cultivent poireaux, endives et de délicieuses fraises à la belle saison. En contrebas de la colline, Françoise nous indique une ancienne carrière, dite du Pas Roland. « C'est ici que, selon une tradition locale, auraient eu lieu les pourparlers dans les jours précédents la bataille du 18 août 1304 entre les représentants du roi de France, Philippe le Bel, et ceux du comte de Flandre, Guy de Dampierre... 

Mais c'est aussi ici que l'on prélève la substantifique moelle des pavés de Paris-Roubaix : le grès de Pèv » relate fièrement Françoise. Une légende raconte également que le cheval de Roland aurait envoyé avec son sabot une motte de terre jusqu'au Mont St Aubert, près de Tournai en Belgique. Celle-ci formerait aujourd'hui la frontière de la Pévèle.  Nous reprenons notre chemin à travers une voyette, une voie de un mètre de large empruntée par les fermiers à brouette. Nous croisons la voie verte du PP, l'ancienne ligne du tortillard local convertie en chemin de randonnée, quelques cavaliers nous saluent.

François se poste devant un virage à angle droit : « Voici le secteur pavé le plus décisif pour les coureurs, venant d'Orchies, ils écrasent les pédales pour emprunter les pavés de la Croix Blanche, du grand Cat et du Blocus.  C'est ici que les leaders vont s'échapper et confirmer leur avancée ». Plus que 60 kilomètres à rouler avant d'atteindre le vélodrome de Roubaix, certains craqueront ici. Partis de Compiègne dans la matinée, les coureurs se heurtent aux premiers secteurs pavés à Troisvilles (à proximité de Caudry), comme dit François : « à cet endroit, ça frotte, les coureurs sont en plein sprint pour rentrer dans le secteur pavé». Quel est l'endroit le plus mythique ? Sans hésiter, François me répond « La Trouée d'Arenberg, les coureurs arrivent à 50 - 60 km/h, ce sont les pavés les plus difficiles à négocier. Ce secteur bordé de forêt est humide, il rend les pavés glissants».

Mes pensées vagabondent, je visualise la suite : immuablement depuis 1896, le premier de la course aborde le dernier secteur pavé.  Les supporters encouragent leur favori « au carrefour de l'arbre », lieu connu pour ses chutes mythiques, dans la plaine de Cysoing.  Quelques coups de pédales et une vingtaine de kilomètres les séparent de la consécration : le vélodrome de Roubaix. François est aux premières loges. Le coureur en tête se lance pour un tour et demi de sprint sur la piste en béton. François et le public l'ovationnent, un frisson lui parcourt l'échine. Tom Boonen trouvera t-il adversaire à sa taille le 7 avril prochain ?  L'enfer du Nord a encore de beaux jours devant lui...

Le 7 avril 2013, la course cycliste Paris Roubaix relie Compiègne à Roubaix. Les cyclistes atteindront les premiers secteurs pavés après 100 kms de parcours aux alentours de Caudry. Aujourd'hui, le Paris Roubaix compte 53 kilomètres pavés à travers 27 secteurs, tous situés dans le département du Nord.

Informations touristiques : Nord Tourisme, 6 rue Gauthier de Châtillon BP 1232 - 59013 Lille cédex, tél. 03 20 57 59 59 - www.tourisme-nord.fr

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