mardi 18 février 2014

Sur les traces de Barbara à Göttingen

Entre le Rhin et l’Elbe, à une centaine de kilomètres au sud de Hanovre, Göttingen est l’une des principales villes universitaires d’Allemagne qui a reçu plus de 42 Prix Nobel qui y ont enseigné ou étudié. Ville hanséatique prospère de 1351 à 1572, Göttingen connaîtra une profonde disgrâce du fait de son adhésion à la Ligue luthérienne de Schmalkalden, et sera défaite par les troupes impériales de Charles Quint en 1547…


Miraculeusement épargnée par les destructions de la Seconde Guerre mondiale, Göttingen est aujourd’hui un véritable conservatoire en miniature du patrimoine architectural de la Basse-Saxe. Sur la place du Marché, son passé hanséatique s’affiche aux multiples facettes de son ancien hôtel de ville et ses quatre églises qui déclinent les nuances de l’architecture gothique ou renaissance, dont on retrouve de multiples témoignages au fil des rues de la ville.

Cette ville devenue célèbre grâce à une des plus belles chansons de Barbara, a rendu hommage à la chanteuse en baptisant une de ses rues Barbarastrasse. Plus loin, sur la façade de l'ancien Junges Theater, une plaque a été mise en mémoire du jour où Barbara a donné un récital en juillet 1964. 

C’est à l’Ecluse, l’un des cabarets Rive Gauche où Barbara se produit occasionnellement que le directeur du Junges Theater de Göttingen, Günther Klein, la découvre et la convainc de venir chanter dans sa salle. «On n'a pas idée de ce que la chanson française représentait à l'époque en Allemagne. Bécaud, Aznavour, toutes les grandes stars étaient françaises !», se souvient la productrice Jeanine Roze, qui l'a découverte à L'Écluse et la fera chanter au Théâtre du Châtelet bien des années plus tard. 
Barbara, née Monique Serf, la petite juive née en 1930 d’un père Alsacien et d’une mère Moldave, que la guerre a ballottée de ville en ville pour échapper à la déportation, refuse dans un premier temps, puis finit par accepter, en posant une condition: disposer d’un piano demiqueue noir !

A l’arrivée, pas de piano demi-queue noir, mais un vieux piano droit, si grand qu’il masque la pianiste au public… Point non plus de possibilité de louer le type de piano promis, car les déménageurs de Göttingen sont en grève… Mais les étudiants de la ville, attachés au Junges Theater, vont dénicher chez une vieille dame, puis transporter jusqu’au théâtre, le piano de concert souhaité.

Avec deux heures de retard sur le programme, sans avoir pu répéter, Barbara fera un triomphe dans une salle comble et verra son contrat prolongé de huit jours. Touchée par «l’intelligence, la culture et l’extraordinaire gentillesse» des habitants de la ville, Barbara composera, dans le petit jardin attenant au théâtre, la chanson «Göttingen», où l’on verra un message de réconciliation avec le peuple allemand. Le dernier soir, Barbara offrira aux «enfants blonds de Göttingen» cette chanson à peine finie griffonnée sur un bout de papier.

A partir du 15 septembre 1965, Barbara chante à Bobino. Chaque soir, la salle affiche complet: Barbara est désormais l’une des grandes voix de la chanson française. «Göttingen», cette chanson qu’elle se défendra d’avoir écrite comme l’exorcisme d’une tragédie personnelle, ne la quittera plus jamais.

Au printemps 1967, Barbara enregistrera à Hambourg, avec beaucoup de difficulté, la version allemande de ses principaux titres de l’époque, dont «Göttingen». Le 4 octobre 1967, elle retournera à Göttingen pour un spectacle retransmis dans son intégralité sur France Inter.

A propos du Romantik Hotel Gebhards

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