Entre le Rhin et l’Elbe, à une centaine de kilomètres au sud de
Hanovre, Göttingen est l’une des principales villes universitaires d’Allemagne
qui a reçu plus de 42 Prix Nobel qui y ont enseigné ou étudié. Ville
hanséatique prospère de 1351 à 1572, Göttingen connaîtra une profonde disgrâce
du fait de son adhésion à la Ligue luthérienne de Schmalkalden, et sera défaite
par les troupes impériales de Charles Quint en 1547…
Miraculeusement épargnée par les destructions
de la Seconde Guerre
mondiale, Göttingen est aujourd’hui un véritable conservatoire en miniature du
patrimoine architectural de la Basse-Saxe. Sur la place du Marché, son passé hanséatique
s’affiche aux multiples facettes de son ancien hôtel de ville et ses quatre églises
qui déclinent les nuances de l’architecture gothique ou renaissance, dont on
retrouve de multiples témoignages au fil des rues de la ville.
Cette ville devenue célèbre grâce
à une des plus belles chansons de Barbara, a rendu hommage à la chanteuse en
baptisant une de ses rues Barbarastrasse. Plus loin, sur la façade de l'ancien
Junges Theater, une plaque a été mise en mémoire du jour où Barbara a donné un récital
en juillet 1964.
C’est à l’Ecluse, l’un des cabarets Rive Gauche où Barbara se
produit occasionnellement que le directeur du Junges Theater de Göttingen,
Günther Klein, la découvre et la convainc de venir chanter dans sa salle. «On
n'a pas idée de ce que la chanson française représentait à l'époque en
Allemagne. Bécaud, Aznavour, toutes les grandes stars étaient françaises !», se
souvient la productrice
Jeanine Roze , qui l'a découverte à L'Écluse et la fera
chanter au Théâtre du Châtelet bien des années plus tard.
A l’arrivée, pas de piano
demi-queue noir, mais un vieux piano droit, si grand qu’il masque la pianiste
au public… Point non plus de possibilité de louer le type de piano promis, car
les déménageurs de Göttingen sont en grève… Mais les étudiants de la ville, attachés
au Junges Theater, vont dénicher chez une vieille dame, puis transporter jusqu’au
théâtre, le piano de concert souhaité.
Avec deux heures de retard sur le
programme, sans avoir pu répéter, Barbara fera un triomphe dans une salle
comble et verra son contrat prolongé de huit jours. Touchée par «l’intelligence,
la culture et l’extraordinaire gentillesse» des habitants de la ville, Barbara composera,
dans le petit jardin attenant au théâtre, la chanson «Göttingen», où l’on verra
un message de réconciliation avec le peuple allemand. Le dernier soir, Barbara
offrira aux «enfants blonds de Göttingen» cette chanson à peine finie griffonnée
sur un bout de papier.
A partir du 15 septembre 1965,
Barbara chante à Bobino. Chaque soir, la salle affiche complet: Barbara est
désormais l’une des grandes voix de la chanson française. «Göttingen», cette
chanson qu’elle se défendra d’avoir écrite comme l’exorcisme d’une tragédie personnelle,
ne la quittera plus jamais.
Au printemps 1967, Barbara
enregistrera à Hambourg, avec beaucoup de difficulté, la version allemande de
ses principaux titres de l’époque, dont «Göttingen». Le 4 octobre 1967, elle retournera
à Göttingen pour un spectacle retransmis dans son intégralité sur France Inter.
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