« Ecrire, raconter l’Aubrac… Comment trouver, agencer les mots qui
puissent donner la mesure de ce pays, de ce monde si singulier. »…
L’auteur, Jean-Marie Constans a su les trouver et le
photographe, Alain Baschenis a su
illustrer parfaitement ses textes avec plus de 150 photos inédites. L’ouvrage
invite à une découverte patrimoniale, naturelle et surtout humaine, d’un de ces
derniers grands espaces français, d’une terre à la lumière si singulière.
Dès les premières pages, le
lecteur part à la rencontre de cette terre particulière. « L’Aubrac ne se distingue
guère par des dimensions impressionnantes. Chaussé de bottes de sept lieues, on
la traverserait en trois enjambées. [...] Pourtant cet espace s’affirme aux
yeux du voyageur, surtout à ceux du marcheur, comme une immensité, largement
ouverte sur l’infini de l’horizon. »
Au fil des pages, ce territoire,
clair objet de désir, livre sa physionomie multiple : terre façonnée par l’homme,
« … les paysages actuels furent bel et bien, […], largement redessinés par l’homme
», terre aux reflets changeants, terre aux mille et une fleurs, considérée « …
territoire offrant en Europe la plus grande densité de plantes différentes »,
pays de l’eau, des sources qui alimentaient les burons, « l’eau […] est
omniprésente. Elle cerne le plateau, ainsi devenu une presqu’île de pleine
terre, modèle sa surface, son relief, tisse aussi un lien avec l’extérieur, et
contribue, de manière parfois déterminante, à son économie… ». Avec ce livre le
lecteur arpente les chemins buissonniers à travers les pâturages à perte de
vue, les routes qui hésitent entre vallées aveyronnaises et contreforts
cantalous.
Mais ce territoire vivant est
aussi un pays d’exode et d’émigration. L’auteur revient sur le peuplement progressif
de l’Aubrac : des premières traces d’occupation humaine datant de la
préhistoire au développement du tourisme. Mais l’Aubrac est aussi un territoire
d’exode. « Lorsqu’on ne travaillait pas au buron, ou lors de la saison creuse,
il fallait partir ailleurs chercher du travail. [...] ils partaient, parfois loin,
jusqu’en Espagne, en Catalogne surtout, plus loin encore, et pour s’y
installer, en Amérique du Nord ou du Sud.» Plus tard l’arrivée du chemin de fer
allait s’intensifier avec une destination privilégiée : Paris. Et l’auteur de
rappeler certains destins exceptionnels.
Aujourd’hui, l’Aubrac, territoire
vivant à l’identité forte, veut réinventer son avenir. Le projet de parc naturel
régional à venir ne peut que conforter ce défi.
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