De la frontière de la Mongolie à Moscou, neuf jours et neuf nuits inoubliables
à bord du Bolchoï Transsibérien Express à travers steppes, taïga et villes
chargées d'histoire…
Pékin-Moscou en train privé !
Suivre la route du mythique Transsibérien, s'arrêter chaque jour pour visiter
la Mongolie, la Sibérie, l'Oural, la Russie profonde... Ce rêve devient réalité
grâce à l'initiative de Frédérique Beaupertuis-Bressand.
Cette spécialiste en France de la
culture timuride (culture ouzbeck) et russe, organise du 21 septembre au 4
octobre 2015 un voyage très original dans le Bolchoï Transsibérien Express.
Après une nuit passée en Chine profonde, on découvre le train privé qui nous
attend, ligne bleue étincelante de long du quai de la gare d'Erlian. Dans le hall,
diverses horloges indiquent les fuseaux horaires des villes que nous allons
traverser.
Le train est composé de plusieurs
wagons russes aux provenances et époques multiples : environ trente-sept
locomotives différentes conduiront les happy few à bon port et se succéderont
de gare en gare, selon les villes ou les régions. Les horaires sont concoctés
en fonction de ceux des Transsibériens (Moscou-Vladivostok) et des
Transmongoliens (Moscou-Pékin) que l'ont croise quotidiennement sur les voies.
Le plus grand intérêt du Bolchoï
Transsibérien Express privatisé est de pouvoir s'arrêter, comme dans une
croisière, pour visiter les villes et les sites multiples qui abondent de long
de cette célèbre ligne de chemin de fer. Construite sur ordre du tsar Alexandre
III en 1892 (quel Français n'a pas eu de parent ayant souscrit aux « Emprunts
russes » pour financer le Transsibérien ?), elle reliait Vladivostok
à Moscou et fut terminée en 1907 sous Nicolas II après avoir épuisé des
millions de malheureux réquisitionnés pour ce travail titanesque, réalisé de
surcroit dans des conditions climatiques extrêmes.
Déjà au début du XXème siècle,
les étrangers curieux et fortunés pouvaient voyager dans une certaine opulence
avec la
Compagnie Internationale des Wagons-Lits sur la ligne
du Transsibérien aux cotés des trains russes, compagnie créée par le belge
Georges Nagelmackers. Passionné par les croisières de la Cunard, celui-ci avait
voulu adapter le même confort à un train de luxe. Il profita de l'engouement
des visiteurs de l'Exposition Universelle à Paris en 1900 où des wagons du
Transsibérien étaient exposés dans le pavillon russe pour proposer aux touristes
occidentaux un voyage de vingt et un jours de Paris à Vladivostok. Il partait
de la gare du Nord où arrivaient déjà de nombreux anglais en provenance de
Calais.
Le train est constitué d'une
série de wagons aux fonctions bien définies : tout d'abord, le
wagon-restaurant, découpé en boxes ourlés de volutes en fer forgé et qui
abritent des tables de quatre personnes napées de blanc. C'est là que les repas
sont pris en deux services, le premier pour les germanophones et le second pour
les francophones, plus habitués aux horaires tardifs. Installé au cœur du
convoi, le wagon-bar où les discussions et commentaires des journées se
poursuivent tard dans la nuit.
C'est ici que Frédérique
Beaupertuis-Bressand proposera chaque jour une conférence sur un thème nous
aidant à comprendre les contrées traversées. Pour rejoindre le bar depuis sa
cabine, on s'amuse à traverser les multiples soufflets qui dansent de manière
infernale au fil du rail !
Dans le salon, on peut rêver en regardant défiler le paysage, savourer un thé,
une vodka ou tout simplement bavarder avec ses compagnons de voyage. Belles et
spacieuses, les cabines wagons-lits logent deux personnes en couchettes
superposées ou en grand divan (royal pour les célibataires) selon la catégorie
choisie. Certaine cabine bénéficie d'une salle de douche tout confort. Le
responsable du wagon est à notre disposition pour un thé à toute heure et
refait le lit en banquette de jour dès que les voyageurs sont occupés à prendre
leur copieux petit déjeuner au wagon-restaurant.
La vie à bord de notre train
privé est réglée comme du papier à musique. Tous les jours, une petite lettre
d'information, nous donne le programme du lendemain. A chaque arrêt en gare, un
guide local nous attend pour nous montrer les lieux phares de la ville : monastère
bouddhiste dans les environs d'Oulan-Bator (Mongolie), Musée ethnographique
(République de Bouriatie), marchés, églises, grand magasins, concerts, tout est
prétexte à découverte. Dans chaque ville, le restaurant branché ou typique a
été sélectionné. Au diner, les convives se mêlent sans place attribuée,
échangent leurs impressions de visites et commentent le menu élaboré avec
talent par l'équipe russe qui œuvre dans le wagon-cuisine. Oleg et Olga nous
servent vin, bière ou vodka à volonté. Quant aux fumeurs, ils sont relégués sur
une plate-forme extérieure.
Dès le premier tour de roue,
l'émotion est au rendez-vous, avec l'impression très forte de vivre un
rêve d'enfant, de suivre les traces de Michel Strogoff, d'Anna Karenine ou du
docteur Jivago. Tant que dure le jour, on ne se lasse pas d'admirer de merveilleux
spectacles par la fenêtre : galop des chevaux sauvages de Mongolie,
yourtes disséminées dans la nature, lever de soleil sur le lac Baïkal, bulbes
dorés des églises, gares à l'architecture majestueuse et emblématique, isbas
colorées dans la brume du matin, immenses forets de bouleaux au clair de lune
pour ceux qui, comme moi, ne ferment jamais leurs rideaux par peur de manquer
quelque chose de rare !
A Irkoutsk, au bord du lac
Baïkal, le souvenir des « Décembristes » justifierait à lui seul le
voyage. Révoltées par le sevrage, ces jeunes aristocrates, célébrées par
l'écrivain d'origine russe Henri Troyat dans « La Lumière des Justes »,
s'étaient soulevés contre le tsar Alexandre Ier. Ils furent déportés pour dix
ans dans les bagnes de Sibérie et rejoints par leurs épouses et fiancées
déchues de droits, parmi lesquelles des françaises. Quand le train emprunte la
vieille voie ferrée le long du lac Baïkal et s'arrête au matin en pleine
campagne au bord de l'eau, nous pouvons rencontrer les babouchkas qui tiendront
à tout prix à nous montrer leur maison !
A Ekaterinbourg, l'ombre
tragique des Romanov bouleverse. C'est en effet ici, dans la maison Ipatiev , que
fut assassinée la famille impériale, aujourd'hui canonisée par l'Eglise
orthodoxe. Devenue un lieu de pèlerinage clandestin, la maison fut rasée sur
ordre de Boris Eltsine et une cathédrale s'élève désormais en ce lieu. A
l'intérieur trône l'icone des Romanov et des portraits géants en noir et blanc
des enfants impériaux sont accrochés à l'extérieur de l'édifice. Poignant !
Et comme pout célébrer la
réconciliation de la Russie soviétique de la Russie impériale, une fresque a
été peinte dans la salle d'attente gigantesque de la gare d'Ekaterinbourg,
parallèlement aux fresques à la gloire des cosmonautes : on y voir l'icone
des Romanov montant au ciel, entourée de part et d'autre par l'armée rouge et
l'armée blanche, dont les drapeaux côte à côte sont les symboles unis de l'histoire
russe. On apprend à ce moment la que la Russie apaisée a accepte son passé. Les
statues de Lénine ne doivent plus être déboulonnées et l'Aigle Imperial
bicéphale a retrouvée sa place sur les flèches de la Place Rouge près de
l'étoile qui surplombe le tombeau du célèbre révolutionnaire.
Le circuit se termine à Moscou,
plus belle que jamais. La ville brille de mille feux, l'enceinte du Kremlin
ressemble à une grande pâtisserie colorée, les magasins ouverts le dimanche
regorgent de badauds, les Moscovites se bousculent dans les musées et les
salles de concerts. Cette citée marchande, toujours en rivalité avec
Saint-Pétersbourg, révèle une énergie, un dynamisme, une soif de vivre ;
la beauté de ses femmes aux longues jambes perchées sur de vertigineux talons
aiguilles est unique au monde. Ici, on vit, on souffre, on se bat et on refait
le monde au cours d'interminables discussions et avec un sens de l'hospitalité
inégalable. La dernière visite sera pour le Kremlin, qui recèle le palais des
Armures et le fonds diamantaire, véritable musée coffre-fort révélant les
sublimes bijoux impériaux.
Ce fabuleux voyage, effectué au
rythme lent du train permet d'embrasser passé et présent, et ainsi de mieux
comprendre ce pays et son peuple tellement attachant. Parfois mal connu au
point d'être calomnié, ce dernier retrouve ses racines, rebâti ses églises avec
fierté et souhaite que l'étranger redécouvre ces belles années glorieuses ou
les souverains Pierre le Grand et Catherine II se passionnaient pour notre
culture et où l'on parlait français à la Cour de Russie...
CARNET PRATIQUE
Le voyage privatisé du Bolchoï
Transsibérien a lieu environ tous les deux ans. Il est organisé par l'agence
parisienne « Voyages à la Une ». Son fondateur, Denis Plé, s'est
spécialisé dans des voyages à thèmes accompagnés par des conférenciers de haut
niveau.
Attention il s'agit d'un voyage
de découverte plus que d'un voyage grand luxe. Il est exceptionnel par son
concept qui permet de stopper le train et de visiter ce qui est
intéressant et rare. Ces visites sont précédées de conférences à bord.
Informations : www.voyages-a-la-une.com
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