Hôtel à part, unique, insolite, Le Saint-James a vu le jour en 1989
sous la houlette de Jean Nouvel. Avant-gardiste, l’architecte a imaginé le lieu
tel un cocon de modernité au coeur des vignes et sur les hauteurs de Bordeaux,
ville de cultures et de gastronomie...
Un parti pris audacieux qui
mêle design et tradition, lignes épurées et nature, hospitalité et patrimoine. Un subtil cocktail qui rend Le Saint-James intemporel,
immuable, tout en se laissant doucement patiner par le temps. Le tout à 10
minutes du cœur de Bordeaux et sa gare SNCF, 20 minutes de l’aéroport de
Mérignac, 40 minutes de Saint-Émilion et une heure de route des plages
d’Arcachon ou du Cap Ferret.
UNE HISTOIRE A PART
Bienvenue à Bouliac. Ce village
de 3 000 habitants se distingue par son église romane, ses palmiers, ses
rues étroites, sa place principale et sa vue panoramique qui lui a valu le
surnom de « balcon de Bordeaux ». Un site d’exception qui séduit, attire et
fidélise. Après-guerre, déjà, Bouliac faisait l’objet d’escapades dominicales
pour venir déjeuner, danser, changer d’air, s’échapper de la grande ville.
En 1989, l’une des plus belles
longères XVIIIe de Bouliac a été transformée en hôtel avec restaurant. Une
métamorphose que l’on doit au chef cuisinier Jean-Marie Amat, avec la
complicité de l’architecte Jean Nouvel. Ensemble, ils ont redonné âme et vie à
ce havre de paix, baptisé Le Saint-James, tel un clin d’oeil à la rue éponyme
du centre historique de Bordeaux.
Quatre ans plus tard, Jean-Claude
Borgel rachète l’établissement. Sans le dénaturer. Il garde les 18 chambres
d’origine et maintient Jean-Marie Amat aux commandes du restaurant
gastronomique. En 2002 Michel Portos, ancien chef de Troisgros à Roanne,
succède à Jean-Marie Amat en tant que chef et directeur de l’établissement. En
2005, Jean-Claude Borgel est rejoint par sa fille Marie, qui devient PDG du
Saint-James. Sa priorité : recevoir comme dans une maison de famille et faire
de Bouliac non plus seulement un village magnifique, perché sur une colline qui
domine la Garonne, mais aussi une destination pour gourmets, gourmands,
flâneurs et amateurs d’art de vivre.
18 CHAMBRES & SUITES SIGNEES
JEAN NOUVEL
Pour s’intégrer au mieux à la
nature et à Bouliac, Jean Nouvel s’est inspiré des anciens séchoirs à tabac.
Ainsi, aux abords de la longère d’origine, l’architecte a-t-il imaginé quatre
pavillons calqués sur ces séchoirs d’autrefois, en recréant leur aspect rouillé
et brut. Une galerie relie entre eux ces différents pavillons, pour faciliter
la circulation. Mais pour surprendre aussi : par exemple, lorsque l’on pose son
regard sur la longue vitre qui donne sur la cuisine et permet d’observer la
brigade en pleine effervescence.
Les quatre pavillons abritent
quinze chambres et trois suites, réparties sur trois niveaux. Leur point commun
: elles sont toutes pourvues d’immenses baies vitrées, qui offrent une vue
unique sur les vignes, la Garonne et Bordeaux. Dans les chambres et suites,
tous les codes de l’hôtellerie volent en éclats. Avec Jean Nouvel, le blanc
domine : symbole de la pureté, de la simplicité. Le dressing est ouvert et les
baies vitrées sont nues : leur unique parure, c’est la vue sur la nature. Au
sol : du béton brut. Sur les murs : du marmorino sur lequel la lumière du jour
se reflète. Quant au lit, il livre un spectacle à couper le souffle. Et pour
cause : il change de hauteur d’une chambre à l’autre, afin d’offrir une vue
imprenable sur les vignes, une fois couché. Ajoutons à cela une multitude de
délicates attentions : chaîne stéréo, minibar, machine à café, télévision,
climatisation, wifi et produits d’accueil griffés Hermès. Dormir au Saint-James
relève de l’expérience, du jamais vu, du rarement vécu.
À propos des suites, elles ont
des allures de lofts et chacune – d’une superficie de 70 m2- revendique sa
propre personnalité. À l’instar de la suite « Harley-Davidson », située en
rez-de-chaussée, avec terrasse face aux vignes et véritable « Harley » en guise
d’objet de déco près du lit. Quant à la suite « Jacuzzi », comme son nom
l’indique, elle dispose d’un jacuzzi installé sur une immense terrasse en teck,
qui domine les vignes, le parc, Bordeaux, sans oublier le point de vue unique
sur l’église romane de Bouliac.
Enfin, côté mobilier, place aux
créations de designers : Le Corbusier, Charles Eames, Philippe Starck… et Jean
Nouvel. L’architecte a dessiné des fauteuils en exclusivité pour
l’établissement de Bouliac. Ces assises baptisées Saint-James sont aujourd’hui
des classiques du design : en 2011, Ligne Roset les a rééditées et estampillées
Jean Nouvel. Jean Nouvel sort du cadre Originaire du Lot-et-Garonne et ancien
élève des Beaux-Arts de Bordeaux, il y avait une logique à ce que Jean Nouvel
réalise son premier hôtel à Bouliac. En 1989, l’architecte accepte de relever
le défi. Il sort alors de tout cadre et imagine un établissement ouvert sur la
nature. Il veut montrer les vignes, les mettre en valeur, comme une oeuvre
d’art, un trésor. Cette prouesse architecturale, aussi atypique qu’esthétique,
a été classée au patrimoine du XXe siècle par le ministère de la Culture.
UNE TABLE ETOILEE RICHE EN
EMOTIONS SIGNEE NICOLAS MAGIE
Il s’affranchit de tout. Son seul
guide : les produits. Et cela se vérifie tout au long du parcours de Nicolas
Magie : de ses performances aux côtés de chefs qui font référence —Michel
Gautier, Michel Carrère, Denis Franc, Christian Constant...— et dans des
maisons de prestige —la Chamade et le Pavillon des Boulevards à Bordeaux, le
Miramar à Biarritz, le Crillon à Paris…—, jusqu’aux cuisines de son propre
restaurant, La Cape, à Cenon. C’est là qu’il décroche sa première étoile en
2004. Treize ans plus tard, ce natif de Bordeaux, élevé par deux générations de
cuisiniers, va rester sur la rive droite de la Garonne et investir les cuisines
du Saint-James. Un nouveau challenge, à ses yeux. Mais il aime autant les défis
que sa région. L’un des meilleurs moments de sa journée : les arrivages du
matin préparés par « ses » producteurs locaux, qu’il appelle tous par leur
prénom.
Un brin électron libre, sa
cuisine lui ressemble : elle mêle justesse, sincérité, authenticité, mais aussi
poésie et fantaisie. Ce qui l’anime ? « Susciter de l’émotion ». Pour cela, Nicolas
Magie n’hésite pas à miser sur l’amertume et l’acidité, y compris dans certains
desserts. Avec lui, le turbot se marie avec celtuce, radis et chipirons.
L’agneau de lait fait bon ménage avec anchois et petits pois. Quant au
concombre, il peut le détourner en dessert en lui associant, par exemple, un
croustillant de mousse au fromage blanc.
Enfin, le chef du Saint-James
dispose d’un terrain de jeu fabuleux pour mettre en valeur ses créations. À
savoir : une salle de restaurant conçue tel un jardin en terrasses, qui épouse
idéalement la dénivellation de la colline. Habillée de baies vitrées, la salle
fait face à des rangées de merlot et à Bordeaux, la majestueuse. Le tout dans
un décor épuré, dessiné par Jean Nouvel. Enfin, au coucher du soleil, murs et
plafond en marmorino changent de couleur, tout en douceur : un enchantement.
LA CUISINE, UN CAS D’ECOLE
Elle s’appelle Côté-Cours. C’est
le nom de l’école de cuisine du Saint-James. Ici, on apprend petits trucs et
astuces de grands chefs. Avec Célia Girard aux manettes. Sous-chef de l’étoilé
Nicolas Magie, elle transmet sa passion pour les produits locaux, les
curiosités du marché du jour. Le tout dans une déco et un décor qui inspirent :
située dans une véranda, l’école est à la fois spacieuse, lumineuse et conçue
autour de deux grands îlots tout en corian immaculé. Quant aux fours et autres
tables de cuisson, ils viennent de la maison Miele. Du sur-mesure pour
apprendre à concocter recettes savantes, mais aussi club sandwich ou autres
douceurs salées et sucrées pour un brunch dominical.
Quant à la dégustation, elle a
lieu autour d’une table ronde. Comme à la maison, entre amis. Une façon
originale et pertinente de partager ce que l’on a préparé et de continuer à
échanger avec Célia Girard. Enfin, avant de partir, un détour par la boutique
s’impose. Ici, on trouve toute une sélection d’ustensiles utilisés durant les
cours et griffés Toc, Chomette & Favor, All-Clad, épices Roellinger… Idéal
pour refaire et réussir les bons gestes du chef, une fois de retour chez soi.
CAFE DE L’ESPERANCE
Annexe du Saint-James, le Café de
l’Espérance est une véritable institution à Bouliac. Côté déco : chaises et
tables en bois, cheminée, tonnelle –chauffée en hiver– et terrasse ombragée,
située face à l’église romane du village.
Sur l’ardoise, posée contre le
comptoir : viandes rôties, frites « maison » et une invitation à se laisser
tenter par deux buffets. Celui des entrées. Celui des desserts. Où l’on se sert
comme chez soi. Sans chichi. À volonté. Une des curiosités sucrées à ne pas
manquer : les cannelés, concoctés par un pâtissier qui officie depuis quarante
ans dans les cuisines du Café de l’Espérance. D’aucuns disent que ce serait «
les meilleurs cannelés de Bordeaux »… Mais le Café de l’Espérance, c’est aussi
l’accueil, le service, les rires et les sourires. On peut y venir en solo, en
duo, en famille, entre amis, on ne s’y sent jamais seul ni perdu dans un coin
de salle. Une illustration, à la fois sympathique et bucolique, du savoir
recevoir 7 jours sur 7, durant toute l’année.
AU CŒUR DES VIGNES
Le vin est au coeur de la vie du
Saint-James. D’abord avec le responsable de la restauration et chef sommelier,
Richard Bernard. En 1996, il a été nommé « meilleur jeune sommelier de
France », puis en 1997, «
meilleur sommelier de France ». Aujourd’hui, au Saint-James, il veille sur une
cave de quelque 20 000 bouteilles et 2 000 références. Avec une carte riche en
vins de la région bordelaise. Mais Le Saint-James c’est aussi un parc de 4
hectares qui abrite 950 pieds de vigne. Ce serait le deuxième plus petit
vignoble de la région bordelaise en AOC, juste derrière celui de… l’aéroport de
Mérignac.
Répartis aujourd’hui sur 12 ares,
ces pieds de vigne sont tous exposés plein ouest et nichés à 90 mètres
d’altitude. Ce qui a été planté ? Uniquement du merlot. Autrement dit : au
Saint-James, on ne produit que du vin rouge, baptisé en toute simplicité le «
Vin-du-Jardin ». Cette production quasi confidentielle se limite à quelque 600
bouteilles « les bonnes années ». À l’instar de 2013, où 450 bouteilles du «
Vin-du-Jardin » ont été proposées à la carte du restaurant, ainsi qu’à la
boutique de l’hôtel.
Plus singulier encore : Le
Saint-James dispose de son propre chai. Il s’agit de deux caves aménagées, qui
permettent de produire dans les mêmes conditions que les professionnels. Le
tout sous l’œil vigilant du vigneron-consultant Stéphane Derenoncourt, chargé
de vinifier le « Vin-du-Jardin ». Et qui dit chai, dit aussi vendanges. Celles-ci
ont lieu chaque année en début d’automne. Les clients de l’hôtel y sont
conviés. Une façon originale de s’immiscer dans la vie du Saint-James,
découvrir et comprendre le travail des vendangeurs, des vignerons, du
sommelier. Une sorte de voyage initiatique qui se termine par un barbecue sur
la terrasse de l’hôtel, face aux lumières de Bordeaux. Une expérience unique.
Au cœur des vignes.
Le parc du Saint-James dispose
d’une piscine chauffée, voisine des pieds de vigne. Il s’agit d’un élégant
couloir de nage, long de 25 mètres, dessiné par Jean Nouvel et reconnaissable à
son inattendu liner noir. Un
choix audacieux et d’avant-garde à l’orée des années 1990.
UNE OUVERTURE SUR LA CULTURE
Depuis son ouverture, Le
Saint-James a misé d’emblée sur la culture, les arts, l’architecture, le
design... Avec le choix de Jean Nouvel, bien sûr. Mais aussi en sollicitant le
sculpteur César pour inaugurer, dès 1989, les premiers « 16 ares » de vignes
plantés dans le parc de l’hôtel. Puis, au fil des années, la galerie qui relie
la longère XVIIIe aux pavillons s’est vue transformée et aménagée en espace
dédié à l’art. À raison de quatre expositions par an, peintres, sculpteurs,
photographes… se succèdent. Et ce, jusque dans le bar de l’hôtel.
Ce bar à part, rénové en janvier
2012, accueille donc des expositions temporaires d’artistes. Mais il se
distingue aussi par sa profusion de pièces de mobilier de designers. Avec
quelques grands classiques, tels que des fauteuils, canapés et chaises signés
Jean Nouvel, Verner Panton, Charles Eames… Sans oublier l’étonnante bergère
Louise Crusoé, dessinée par Bleu-Nature, aux allures de nid perché dans les
arbres. Le temps d’un café, à l’heure du thé ou pour un dernier verre, ce bar
s’ouvre également sur la terrasse de l’hôtel. Dernier atout : il offre, lui
aussi, une vue sur Bordeaux et les cimes de la grande forêt des Landes. La
nature à perte de vue.
Informations : Saint-James 3, Place Camille Hostein 33270 Bouliac, tél. 05 57
97 06 00- www.saintjames-bouliac.com
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