A l’occasion de sa deuxième mission en 2021, Thomas Pesquet, l’astronaute de l’Agence Spatiale Européenne (ESA), embarquera à bord de la Station Spatiale Internationale (ISS) une sélection de plats gastronomiques soigneusement étudiés et conçus pour son séjour dans l’espace...
Certains de ces plats ont été élaborés pour l’ESA par le Chef du Mandarin Oriental, Paris Thierry Marx et le chercheur en physico-chimie Raphaël Haumont, codirecteurs du Centre Français d’Innovation Culinaire à l’Université Paris-Saclay, puis dressés et appertisés par Jean Hénaff. Retour sur les coulisses de cette collaboration exceptionnelle associant des expertises scientifiques, culinaires et agroalimentaires françaises de pointe.
Un projet qui relève d’un véritable défi scientifique, culinaire et technique Des recettes originales et d’exception alliant plaisir, bien-être et santé Formuler des recettes associant plaisir, bien être et santé, tel est l’objectif de Thierry Marx et de Raphaël Haumont, physico-chimiste, Professeur à l’Université Paris-Saclay. « Nous nous sommes orientés vers des recettes peu sucrées avec une liste d’ingrédients la plus courte possible. Cela représente un nouveau challenge. Pour réaliser l’amandine sans ajout de saccharose, nous avons par exemple dû travailler la texture de la pectine de poire qui va nous apporter une sucrosité et un gélification naturelle » - Thierry Marx.
Des processus de fabrication innovants à l’œuvre Elaborer des plats avec une texture et des saveurs qui se rapprochent le plus possible de celles d’origine tout en respectant les exigences de la nourriture spatiale, relève d’un défi complexe nécessitant le recours à des procédés techniques et chimiques. « Concocter une sauce traditionnelle au vin sans alcool est le résultat d’un long processus. Il faut extraire l’éthanol en utilisant un évaporateur rotatif. Des analyses fines (RMN) sont ensuite menées pour vérifier l’absence d’alcool. » - Raphaël Haumont. La lyophilisation, qui consiste à extraire l'eau contenue dans les substances organiques ou minérales par interaction des techniques du vide et du froid, fait partie des techniques de conservation expérimentées et développées de façon poussée par le chef etle physico-chimiste. « Nous avons mis au point une recette expérimentale à base de tomates cerises lyophilisées au sein de l’Institut de chimie moléculaire et des matériaux d'Orsay (Icmmo- CNRS/Univ. Paris-Saclay) sur le campus d'Orsay ».
L’objectif est de proposer des tomates déshydratées qui conservent leur couleur, leur forme et leurs propriétés Amandine aux poires caramélisées / Mathilde de l'Ecotais Bœuf de 7 heures sauce aux cèpes / Mathilde de l'Ecotais 3 gustatives. « Le résultat obtenu est très concentré en saveurs. Une tomate contient plus de 90% d’eau. Retirer l’eau revient à multiplier par presque 10 les saveurs ». Un travail en profondeur sur la relation texture-cuisson a été mené avec comme objectif, l’optimisation du traitement thermique permettant de préserver au maximum les goûts et les textures. Pendant plusieurs semaines, le CFIC et Jean Henaff ont testé sur des échantillons différents barèmes de cuisson afin de déterminer la température et le temps de cuisson optimaux à la préservation des aliments.
Un excès de cuisson durant la stérilisation nuirait aux qualités organoleptiques souhaitées. La garantie d’une hygiène irréprochable assurée par l’entreprise Jean Hénaff Les plats sont transposés dans des contenants thermoformés par l’entreprise bretonne Jean Hénaff, dont le savoir-faire centenaire en sertissage et appertisation a été reconnu par l’obtention du label Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV) en 2016. « Notre expertise consiste à sertir parfaitement les boites pour une étanchéité absolue et appertiser juste ce qu’il faut afin de préserver les propriétés nutritives et gustatives des recettes pour que les astronautes retrouvent intactes les saveurs de la Terre et le plaisir du goût.
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