Un questionnement original et passionnant sur les relations entre les êtres humains et la Nature…
L’exposition explore des compagnonnages surprenants qui nouent êtres humains, végétaux et animaux. Le parcours de l’exposition aborde tout d’abord la thématique du mythe, des légendes, puis, s’intéresse aux problématiques contemporaines, en présentant différentes manières de vivre aujourd’hui la relation entre les espèces.
Par Marina Lempert
Depuis l’enfance, nous apprenons la distinction entre le vivant et l’inanimé. Nous avons l’habitude de classer ce qui vit selon des hiérarchies à la fois personnelles, biologiques et culturelles. L’exposition nous invite à réellement comprendre notre dépendance envers d’autres êtres terrestres, non humains, comme les animaux, les insectes, les plantes. Contraints de reconsidérer aujourd’hui notre place dans le monde ; mobiliser nos sens, observer, être attentif, empathique, s’engager dans une démarche responsable pour la planète, devient désormais urgent et absolument indispensable. Les musées d’ethnographie, tels que le MEG, sont particulièrement bien placés pour décrire ce nouveau régime climatique et les liens d’interdépendance entre tous les habitants de la terre.
D’une part la question de notre responsabilité se fait pressante en raison des
transformations, domestications et prédations que nous avons imposées à
l’environnement et à ses habitants non humains. De l’autre, notre proximité
avec les autres espèces est bien plus importante que ce qu’on a pu croire et
elle ne se résume pas aux aspects biologiques de l’existence. Si le lien et les échanges entre les espèces tient une place de choix dans
notre imaginaire collectif : peut-on apprendre, se comprendre, communiquer
entre espèces différentes ?
La scénographie s’articule autour d’un cheminement qui épouse le discours de l’exposition, menant ainsi le visiteur dans des espaces aux ambiances variées. Ces atmosphères évoquent la multiplicité des courants de pensée qui tentent des cordées entre le monde végétal, animal et humain. La lumière, les matières et les matériaux appellent la sollicitation des sens et accompagnent cette plongée au coeur du contenu. Le visiteur est également invité à découvrir certaines parties de l’exposition avec les yeux d’un chat, d’une abeille, d’une araignée ou d’une vache.
Ces images restent des interprétations humaines, des tentatives pour s’approcher de la manière dont ces animaux voient leur environnement. Le parcours retrace tout d’abord le temps du mythe avec diverses représentations -tableaux, objets…- puis, en vient au contemporain pour présenter différentes manières de vivre aujourd’hui la relation entre les espèces. L’exposition présente 6 sous formes de panneaux photographiques, six relations particulières et remarquables qui réunissent humains, plantes et animaux, de manière surprenante et pleine d’espoir.
Que ce soit un photographe animalier et une renarde, une vache et son éleveuse, un truffier, son chien et la truffe, une apicultrice, une dessinatrice scientifique en intimité avec les punaises des bois ou encore, Laurent Koelliker 15e sautier de la République de Genève qui a parmi ses charges, celle d’annoncer le printemps aux Genevois. Cette tâche étonnante s’accomplit en suivant l’éclosion de la première feuille du marronnier officiel de la Ville. Ces nouveaux et nouvelles Orphé(e)s méritent d’être connu(e)s.
La prise de conscience que les animaux et les plantes communiquent entre eux d’une manière qui nous échappe, questionne notre capacité de comprendre vraiment les autres manières d’« être au monde », puisque, pour les penser, nous les ramenons sans cesse à notre propre expérience. La réflexion sur les interactions inter-espèces est en pleine effervescence.
Jusqu’au 7 janvier 2024
MEG - Musée d’Ethnographie de Genève Bd Carl-Vogt 65 - 1205 Genève, tél. +41 22 418 45 50 - www.meg.ch. Ouvert du mardi au dimanche, de 11 h à 18 h
Le MEG (Musée d’ethnographie de Genève) est une institution publique, fondée en 1901, dont le premier directeur fut Eugène Pittard, anthropologue genevois (1867-1962). Le Musée a comme mission de prendre soin et de mettre en valeur avec les porteurs et porteuses de cultures concernées des objets conçus et utilisés par les peuples à travers l’histoire du monde. Il abrite une collection de plus de 75 000 objets et sa bibliothèque offre plus de 70 000 documents sur les peuples du monde. Le Musée possède une collection unique d’enregistrements musicaux, les Archives internationales de musique populaire (AIMP), qui comporte plus de 20 000 heures de musique et dont la collection rassemblée par Constantin Brăiloiu entre 1944 et 1958 en constitue la base avec plus de 3000 enregistrements historiques. L’exposition permanente est gratuite et présente plus d’un millier d’objets issus des cinq continents.
Le MEG offre en plus de sa collection permanente et de ses expositions temporaires, un programme de médiation culturelle et scientifique, des concerts, des cycles de cinéma et de conférences ainsi que des spectacles. Depuis novembre 2014, les collections du MEG sont mises en valeur dans un nouveau bâtiment conçu par le bureau zurichois Graber & Pulver Architekten sur le site qu’il occupe depuis 1941. Lauréat 2017 du Prix Européen du Musée de l’année - L’engagement durable du MEG est récompensé par le label THQSE niveau OR.
Le Café du MEG est ouvert du mardi au dimanche, de 9 h 30 à 18 h : café et restaurant, tél. +41 22 418 90 86, +41 76 290 33 96
Informations : Ville de Genève : https://www.geneve.ch
(Crédit photos : © MEG, J. Watts, Ville de Genève)
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