mercredi 5 juin 2024

A Deauville, le photographe Robert Capa mis à l’honneur : « Capa, îcones »

 

À l’occasion du 80e anniversaire du Débarquement en Normandie, Les Franciscaines-Deauville accueille une exposition qui résonne avec l’essence même de notre devoir de mémoire…

 Par Marina Lempert

En partenariat avec Magnum Photos, le travail de Robert Capa -1913-1954-, l’un des plus grands photojournalistes et « le plus grand reporter de guerre du monde » comme l’a écrit le Picture Post anglais en 1937 ; est présenté au sein d’un lieu et d’une exposition en plusieurs volets, magnifiques.

Capa avant Capa


Robert Capa naît le 22 octobre 1913 de son vrai nom Endre Ernö Friedmann dans une famille juive de Budapest. Forcé à l’exil en 1931 pour avoir manifesté contre le régime, il s’installe à Berlin où il fait des études de journalisme. L’agence Dephot lui assigne une première mission en tant que photographe : couvrir à Copenhague, la conférence de Léon Trotsky sur l’histoire de la Révolution russe à des étudiants danois. Avec la montée du pouvoir nazi en Allemagne, il doit quitter le pays et s’installe à Paris. Il s’y lie d’amitié avec les photographes André Kertész, David « Chim » Seymour et Henri Cartier-Bresson. En 1934, il rencontre Gerda Pohorylle, réfugiée allemande, militante anti-nazie* qui devient sa compagne et sa partenaire professionnelle. Ensemble, ils inventeront en 1936, leurs pseudonymes : Gerda Taro et Robert Capa. *le Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme lui a récemment rendu hommage. www.mahj.org

Capa : aventurier et reporter de guerre

Parcourant le monde, témoin de son temps, il se rendra parmi les premiers, en Union Soviétique. Connu internationalement et reconnu principalement comme reporter de guerre, Capa a couvert cinq guerres : L’Espagne de 1936 à 1939 , la Chine en 1938, photographiant pendant 8 mois la résistance chinoise face à l’invasion japonaise, la Seconde Guerre mondiale où il sera sur les fronts en Italie, Allemagne, France et Afrique du nord ;  Israël -où il partira à 3 reprises de 1948 à 1951 et photographiera la première guerre israélo-arabe, la naissance du nouvel État ainsi que l’arrivée en masse des immigrants dans le port de Haïfa-, et l’Indochine. Il en ramènera à chaque fois des photos d’un réalisme poignant, prenant tous les risques. 

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L’Agence Magnum

Dès 1936,  il se préoccupe de la défense du travail des reporters photographes : vendre leurs photos directement aux journaux, conserver leurs tirages et leurs négatifs, contrôler les légendes qui accompagnent leurs clichés. Ses idées aboutiront en 1947 à la création de l’agence Magnum.

Capa portraitiste et témoin de son temps : Deauville, Biarritz, Hollywood


Après la Seconde Guerre mondiale et la création de Magnum Photos, Capa diversifie ses sujets et s’intéresse au cinéma et à la photographie de mode. De 1948 à 1951, il photographie beaucoup en Europe et produit des Carnets de Voyage pour Holiday,  principal magazine américain de voyages. Envoyé spécial, il arrive à Deauville en aout 1951 où il séjourne deux semaines afin de raconter l’élégante Deauville. Son reportage publié en 1953  en noir et blanc et en couleur, est le premier grand Focus des années 50’ dédié à la ville. Il consacrera également un très beau reportage sur Biarritz. Introduit à Hollywood en 1946 par la comédienne Ingrid Bergman, il y rencontre Ernest Hemingway, John Steinbeck, Irwin Shaw, Art Buchwald, John Huston, Antaole Litvak, Pablo Picasso, Françoise Gilot qui deviennent des amis et des modèles.

« Capa parlait le hongrois et cinq langues, on lui a demandé un jour dans laquelle de ces langues, il pensait et rêvait. Il a répondu immédiatement, les images » Ingrid Bergman

Lorsqu’il meurt en 1954, en Indochine, après avoir marché sur une mine antipersonnel ; il laisse des milliers de photos dispersées un peu partout dans le monde. Cornell Capa -1918-2008- son frère, photographe également, à passé sa vie à les chercher et à bâtir une histoire officielle. À sa mort, Robert Capa ne possédait rien, à part quelques costumes, des appareils photos et des éditions anglaises de romans. Son refuge était une petite chambre qu’il louait sous les toits de l’hôtel Lancaster, rue de Berri à Paris, où il résidait entre reportages, parties de poker et paris sur les champs de course.

Icônes est constituée d’environ 150 documents d’époque : tirages originaux, journaux, livres, objets provenant directement de la collection Golda Darty et des archives de Magnum.

Exposition conçue par Michel Lefèbvre ** journaliste, collectionneur, spécialiste et biographe de Capa, commissaire de l’exposition, et complétée par rencontres, ateliers et entretiens.** Robert Capa, traces d’une légende Michel Lefebvre, Éditions de la Martinière 2011 Avec le soutien de Golda Darty et Magnum Photos  www.magnumphotos.com

Jusqu’au 13 Octobre 2024

Ouvert en mai 2021, Les Franciscaines - Deauville associe dans des espaces communs : une médiathèque, un musée, des espaces d’expositions et une salle de spectacles. Pour la première fois, les livres, les oeuvres du musée, les rencontres et conférences ainsi que les spectacles et concerts se découvrent et se vivent au sein d’un même site. Ce lieu de vie et de culture, a pris corps dans un ensemble patrimonial remarquable du xixème siècle, l’ancien couvent des soeurs Franciscaines, dont il conserve le nom, rénové et réinventé par l’architecte Alain Moatti.  Adresse : Les Franciscaines 145 B, Avenue de la République 14800 Deauville, tél. +33 (0) 2 61 52 29 20. https://lesfranciscaines.fr et www.normandie-tourisme.fr

Légendes et Crédit photos : L’Affiche : Robert Capa, Icônes, affiche © Les Franciscaines- Portrait : Hulton Archive Credit Getty Images - Les troupes américaines débarquent sur la plage d'Omaha Beach, le jour J, 6 juin 1944, Normandie : © Robert Capa International Center of Photography - Deauville, août 1951 © Robert Capa / International Center of Photography / Magnum Photos

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