mercredi 12 mars 2025

Val-d’Oise : Trois siècles vous attendent à L’Isle-Adam

 

L’Isle-Adam se trouve tout près de Paris, aux portes du Parc naturel régional du Vexin français, du Pays de France et du département de l’Oise…

 


Qualifiée de « paradis terrestre » par Honoré de Balzac dans une lettre qu’il écrivit à sa soeur en 1819, la ville bénéficie d’un environnement exceptionnel situé entre rivière et forêt domaniale. Son Musée d’Art et d’Histoire Louis-Senlecq, à travers cette exposition, témoigne de son histoire, de son patrimoine et de son territoire.

Par Marina Lempert

L’exposition rassemble peintures, sculptures, aquarelles, gravures, affiches publicitaires, cartes postales et photographies anciennes, toutes issues du fonds du musée.

Le Parcours : du 15 ème au milieu du 20 ème siècle.

Organisé de manière chronologique, il s’articule autour des grandes thématiques représentées dans les collections du musée. L’histoire et l’évolution urbaine de L’Isle-Adam y sont évoquées : des fastes des princes de Conti au développement de la villégiature et des loisirs. Le passé industrieux de la ville est également mis en avant, avec les manufactures de terres cuites décoratives qui ont fait la célébrité de L’Isle-Adam de la fin du 19 ème siècle au début du  20 ème siècle. La région ayant attiré de nombreux artistes, c’est également à travers l’oeil des peintres que l’on découvre les paysages des bords de l’Oise et de la campagne environnante.

Le 18 ème siècle : L’Isle-Adam, une cité façonnée par les princes de Conti

 

C’est grâce à la présence de Louis-François de Bourbon Conti (1717-1776) que la ville connaît au début du 18 ème siècle un véritable âge d’or. Homme de guerre valeureux, il reçoit du roi Louis XV pour ses faits d’armes six pièces de canon qui orneront l’avant-cour du château jusqu’à la Révolution.  À la suite d’une semi-disgrâce, il remet son commandement et se consacre à embellir ses propriétés à L’Isle-Adam.

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Il fait restaurer son château, achète le domaine de Stors au marquis de L’Aubespine pour y loger ses maîtresses et ses invités et transforme la ville en un lieu de fêtes fastueuses. À sa mort, son fils, Louis-François-Joseph de Bourbon-Conti (1734-1814), trouve une succession surendettée. Il engage néanmoins d’importants travaux au château et y installe des écuries monumentales pouvant accueillir 250 chevaux. Les travaux sont confiés à l’architecte Jean-Baptiste André. 

Il fait également aménager la forêt de L’Isle-Adam pour la chasse : routes rectilignes (dont 15km ont été pavées), murs et sauts-de-loup ceinturant le domaine, carrefours en étoile installés pour faciliter le mouvement des équipages et l’observation des chasses à courre. Le prince s’adjoint en outre les services de 200 personnes pour gérer ce domaine forestier de près de 1700 hectares (gardes chasses, palefreniers, piqueux, valets de chiens, commandant des véneries etc.).À travers ces travaux colossaux, le prince de Conti cherche à rivaliser avec les princes de Condé à Chantilly et du comte d’Artois à Bagatelle. Le château est finalement abandonné durant l’exil du prince et est détérioré dès le début de la Révolution, vendu comme bien national, puis détruit en 1810.

Les Bergeret : une puissante famille de mécènes

Puissante famille parisienne issue de la petite bourgeoisie bourguignonne, les Bergeret vont se hisser en quatre générations dans les plus hautes sphères du royaume. Autour d’eux gravitent bon nombre de peintres, sculpteurs et architectes célèbres del’époque, tel Jean-Honoré Fragonard (1732-1806). Dès 1687, ils deviennent les plus importants propriétaires terriens à L'Isle-Adam, après les princes de Conti. Ils acquièrent des propriétés, des maisons et des terres sur la commune - tels le Petit et le Grand Hôtel Bergeret – et  également à Nogent, Parmain, Jouy-le-Comte et Presles. Ils achètent aussi les seigneuries de Frouville et de Nointel, et surtout en 1778, le fief de Châteaupré (futur domaine de Cassan) où ils feront édifier un étonnant pavillon chinois d’agrément dans le parc.

L’Isle-Adam au XIXe siècle : naissance d’une cité bourgeoise

 

On assiste au 19 ème siècle à une véritable renaissance de la ville. La commune se développe en différents quartiers où l’habitat individuel pavillonnaire prédomine. Elle adopte ainsi le visage d’une cité bourgeoise, à la fois lieu de villégiature et cité industrieuse, l’arrivée du chemin de fer en 1846 facilitant les relations avec Paris. La ville entre forêt et bords de l’Oise et sa proximité avec la capitale attire la bourgeoisie parisienne. La vente aux enchères comme biens publics des grands domaines des Conti et Bergeret offre de nombreux terrains disponibles à la construction et c’est ainsi que plusieurs maisons de maître et petits châteaux vont être érigés.

Les Peintres des Bords de Loire : une école impressionniste

 


L’Isle-Adam attire de nombreux artistes venus y trouver l’inspiration. Parmi eux, Jules Dupré (1811-1889), le plus important représentant de l’école des peintres des bords de l’Oise et à sa suite une succession d’artistes  tels Léon Victor Dupré (1816-1879), Auguste Boulard père (1825-1897), Renet-Tener (1846-1925), Fernand Quignon (1854-1941), Emilio Boggio (1857-1920). dont les oeuvres célèbrent les bords de l’Oise et la campagne environnante. 

Les manufactures de céramique et terre cuite adamoises : une production de renom


C’est l’installation dans les années 1850 de Pierre-Henri Mauger (1819 - ?), repreneur d’une petite fabrique de porcelaine spécialisée dans les objets de dévotion, qui marque le point de départ de la fabrication de terres cuites rue Saint-Lazare à L’Isle-Adam. L’essor de cette production débute véritablement en 1888, lorsque Alphonse Hanne (1856-1908), contremaître de la fabrique Mauger, rachète la manufacture à ses fondateurs et se consacre à l’édition de terres cuites décoratives, allégoriques, orientalistes, régionalistes, figuratives, empruntées à l’Art Nouveau. Éditeur d’au moins 800 modèles différents (dont une centaine exécutée par le modeleur Joseph Le Guluche), il adapte sa production à une clientèle qui ne peut acquérir les sculptures en marbre ou en bronze présentées dans les Salons. Les pièces n’excèdent jamais plus d’un mètre, polychromes ou laissées au naturel, toutes sont réalisées par estampage à partir d’une terre rouge. La mort d’Alphonse Hanne correspond au déclin de l’atelier, racheté par la suite par différents successeurs. La Seconde Guerre mondiale marque le point d’arrêt de cette production.

Un développement industriel : entre le milieu du 19 ème siècle et le début du 20 ème

 


Le développement des industries charbonnières, cotonnières et métallurgiques initie une période d’aménagements et d’importants travaux pour améliorer les conditions de navigation sur l’Oise. Barrages et écluses vont ainsi ponctuer la rivière, longue d’un peu plus de 340 kilomètres. Le trafic fluvial s’intensifie et l’apparition des bateaux à vapeur fait naître une navigation nouvelle. Les ponts et les passerelles permettant de franchir les différents bras de la rivière structurent le centre-ville ; les chemins de halage bordent la rivière, offrant aujourd’hui encore un espace propice aux promenades.

Le 20 ème siècle : L’Isle-Adam et sa plage fluviale


La proximité avec la capitale fait de L’Isle-Adam une destination de choix des parisiens, attirés par son environnement bucolique entre rivière et forêt et par son étonnante plage fluviale naturelle, dans le bras de l’Oise. Plus ancienne et plus grande plage fluviale française, la plage accueille quelques baigneurs dès le début du 19 ème siècle. En 1850, on y installe deux cabines et un ponton. C’est en 1910, qu’elle devient aménagée avec une douzaine de cabines. Le projet interrompu par la Première Guerre Mondiale, reprend ensuite, avec l’ensablement de la rive et la construction d’un véritable ensemble balnéaire de style anglo-normand, une cinquantaine de cabines, des toboggans, des plongeoirs, des cascades, des jardins fleuris, un kiosque à musique et un bar-terrasse. 

Classée station de tourisme en 1921, L’Isle-Adam voit alors défiler le Tout-Paris et en saison, galas, soirées dansantes, joutes nautiques, démonstrations sportives et défilés de mannequins concurrencent les mondanités des plus célèbres stations balnéaires de la côte normande. En 1947, le site est racheté par M. Muller, qui y entreprend d’importants travaux. Un bassin olympique d’une longueur de 25 mètres qui accueillera des compétitions nautiques est alors construit. La plage de L’Isle-Adam y organisera  en 1952 les pré-Olympiades des futurs jeux d’Helsinki de 1954. L’établissement est vendu en 1969 et divers propriétaires vont se succéder avant que la municipalité ne rachète l'ensemble des installations en 1981. En 2015, les cabines sont restaurées avec le concours de la Fondation du Patrimoine et en juillet 2018. Le site de la Plage obtient le label « Patrimoine d’intérêt régional » décerné par la Région Île-de-France et on peut encore s’y prélasser aux beaux jours.

Y aller : en train depuis la Gare du Nord direction Persan-Beaumont par Valmondois

Jusqu’au 21 septembre 2025 - Du mercredi au dimanche : 14 h 18 h - Gratuit le 1er dimanche de chaque mois- Espace pour les enfants, jardin.

Musée d’Art et d’Histoire Louis-Senlecq-31 Grande-Rue- 95290 L’Isle-Adam, tél. + 0 (1) 74 56 11 23-  www.musee.ville-isle-adam.fr


Crédit Photo : L'Isle-Adam musée d'Art et d'Histoire Louis-Senlecq, Henri Delage. Légendes Photos : 1 Jean-Baptiste André 1735 ou 1737 après 1809 – Château Conti et écuries vues de L’Isle-Adam- 1782 – Encre et lavis sur papier - 4 Léon Fot 1870 1965- Eglise et Hôtel de Ville de l'Isle-Adam- non daté-Aquarelle sur papier -7 Jules Dupré 1811 1889- Chaumière à l'Isle-Adam- non daté-Huile sur toile -11 Joseph Le Guluche 1849 1915-  Titre de l’œuvre : En détresse- non daté-Terre cuite laissée au naturel -14  Léon Blot 1870 1965-  La Plage de l'Isle-Adam du côté de l'Oise-  vers 1910- Encre et aquarelle sur papier -15 Jacques Aragonez de Faria 1898 1906- La Guinguette des bords de l'Oise- vers 1930- Huile sur toile

 

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